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CA 15 – Sept/Oct 2007

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A l’heure où s’ouvre à Pékin le 17ème Congrès du Parti communiste chinois, ce numéro de China Analysis témoigne d’une Chine partagée entre des certitudes sur son modèle de développement et des doutes importants, qui vont jusqu’à inclure au sommet le renouvellement des dirigeants. Peut-être n’est-ce que le fruit de spéculations d’avant la décision, mais le pouvoir si entier de Hu Jintao serait aujourd’hui limité quand il s’agit de désigner les successeurs de la « cinquième génération », destinée à prendre le relais dans cinq ans.

Malgré les succès économiques et internationaux, n’est-ce pas le système politique et la faiblesse de son idéologie, malgré les trouvailles de ces dernières années, qui posent problème ? Bien des Chinois se réjouissent de l’effacement de l’idéologie, qui leur semble assurer le pragmatisme et la modération des conflits. Mais un factionnalisme sans débats d’idées permet-il d’institutionnaliser la succession au sommet, assure-t-il l’avenir d’un Parti communiste traversé de tensions sur fond de compétition entre les membres de la classe dirigeante ? Il semble que la « société harmonieuse » et le « développement scientifique » n’apportent pas toujours une réponse suffisante.

Sur le plan économique, la Chine développe une forme de nationalisme économique pragmatique, qui emprunte à différents courants théoriques sans inhibition idéologique. Elle cherche des compromis parfois difficiles entre les différents groupes d’intérêts. Par exemple, on fait appel aux fonds d’investissements chinois cotés en devises étrangères sur les marchés offshore pour financer la rénovation industrielle de la Chine, mais avec une extrême prudence réglementaire pour essayer de limiter la volatilité du marché boursier chinois : les échanges quotidiens ont été multipliés par 4 ou 5 à Shenzhen et Shanghai en un an ! Ou encore, régulation de la concurrence, moins par foi libérale en la transparence des marchés que pour doter l’Etat d’un nouvel outil juridique et ainsi contrôler la croissance, et les prises de participations étrangères dans l’économie nationale. On observe aussi une tentative de stabilisation de la flambée des prix de l’immobilier, et aussi de l’alimentation quotidienne, au profit des ménages au pouvoir d’achat limité. Pourtant, Pékin hésite à trancher sur un choix clair de contrôle macroéconomique pour éviter la surchauffe de l’économie chinoise. Et au niveau microéconomique, les restructurations des entreprises d’Etat échappent en grande partie à sa supervision, comme en témoigne l’étude de cas d’une entreprise de construction à Shenzhen.

La question du modèle revient de manière centrale en ce qui concerne les relations de la Chine avec Taiwan. Les relations entre les deux rives feront difficilement l’économie de nouvelles tensions –reste à en prévoir l’intensité- à l’approche des élections présidentielles taiwanaises en mars 2008, avec les projets de référendum d’adhésion à l’ONU proposés par le gouvernement de Taipei puis par l’opposition. Mais la stratégie chinoise de Front uni consistant à miser sur le Kuomintang ne semble pas apporter les bénéfices escomptés. Sans modèle d’unification convaincant pour les Taiwanais, la Chine voit se renforcer les velléités d’indépendance de l’île, aussi risquées soient-elles.

C’est de nouveau sur le terrain diplomatique que la presse chinoise semble afficher la plus belle confiance. Elle se félicite des interactions militaires sino-américaines lors de l’édition 2007 du dialogue Shangri-La, qu’elle impute au besoin des Américains de dialoguer avec Pékin au niveau stratégique. Ce besoin serait révélé par le ton nouvellement conciliant de Washington dans ses critiques de la modernisation de l’armée chinoise. Elle choisit d’accueillir avec optimisme le nouveau Président français, « ami de la Chine » dont ni la solidarité atlantique, ni la volonté d’adopter une diplomatie de valeurs et de réciprocité n’aurait d’influence négative sur l’amitié franco-chinoise. Ces éléments suscitent parfois des accents messianiques, avec la volonté d’exporter la théorie du « monde harmonieux » pour refonder les relations internationales sur un nouveau modèle chinois, instrumentalisant à merveille la pensée confucéenne.

 

Sommaire

– POLITIQUE INTERIEURE –

Dernière ligne droite avant le 17ème Comité Central

Entre maoïsme et démocratie, le Parti cherche une idéologie

L’avènement de la ligue de la jeunesse communiste, une bonne chose pour la Chine ?

– ECONOMIE –

La loi anti-monopole favorise-t-elle vraiment la concurrence ?

La difficile question du logement

La restructuration chaotique des entreprises chinoises

Le nouveau rôle du Private Equity en Chine

La réévaluation du Yuan, dernier espoir pour éviter la crise ?

– AFFAIRES DIPLOMATIQUES & STRATEGIQUES –

La politique extérieure du Président Sarkozy

L’APL, enfin indispensable aux Américains

Le monde harmonieux, réponse au choc des civilisations

Les exercices militaires annuels de Taiwan

– PRESSE TAIWANAISE –

Ma Ying-jeou déçoit Pékin

Implications stratégiques et électorales des projets de référendum d’entrée à l’ONU

Ont contribué à ce numéro : Michaïl Andrei, Valérie Demeure-Vallée, Mathieu Duchâtel, Jules-Guillaume Friol, François Godement, Hubert Kilian, Michal Meidan, Pierre Nordmann, Thibaud Voïta

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