En partenariat avec l'Institut Ricci.
Avant-propos
Le 1er octobre 1949, Mao Zedong proclame la république populaire de Chine sur la place Tian’anmen tandis que le parti nationaliste, le Guomindang de Jiang Jieshi, se réfugie à Taiwan et y fonde la République de Chine. Les transformations à vocation socialiste se multiplient en Chine continentale : réforme agraire, plan quinquennal pour l’industrie, abolition des pratiques impériales, campagnes de répression comme celle visant les contre- révolutionnaires – c’est-à-dire, principalement les affiliés restants du Guomindang – lancée en 1950 (镇压反个民运动), les « campagnes des trois anti et cinq anti » (三反五反) mises en place fin 1951 pour combattre la corruption dans les villes chinoises, les capitalises étant les premiers visés, ou bien le mouvement « Sufan » (肃反运动) de 1955 pour éliminer les contre- révolutionnaires « cachés » au sein du Parti communiste, prenant notamment pour cible les intellectuels, un mouvement considéré comme découlant de la critique de Hu Feng vis-à-vis des politiques de Mao. Puis en 1957, suivant la campagne des Cent Fleurs qui a laissé les critiques du Parti exprimer leurs mécontentements, la « campagne anti-droitiste » (反右派运动) est lancée, les intellectuels étant une nouvelle fois persécutés. S’ensuit le Grand Bond en avant (大跃进), mis en œuvre de 1958 à 1960 et qui a débouché sur la plus grande famine de l’histoire humaine. Après cet échec, Mao se retire peu à peu de la politique, laissant la place à Liu Shaoqi et Deng Xiaoping qui œuvrent au redressement économique du pays. Leurs réformes ne conviennent cependant pas à Mao Zedong qui déclenche alors en 1966 la révolution culturelle (文革) pour revenir au pouvoir. Sur une décennie, des millions de « jeunes instruits » (知识青年) sont envoyés dans les campagnes, de nombreuses élites intellectuelles mais également politiques sont humiliées, doivent faire leurs autocritiques et sont prises à parti par les Gardes Rouges, des massacres ont lieu dans différents communes, le nombre de morts estimés oscillant entre des centaines de milliers et 20 millions. Liu Shaoqi est éliminé. En 1978, Deng Xiaoping succède à Mao après la mort de ce dernier et lance le programme « éliminer le chaos, revenir à la normale » (拨乱反正), concédant lui-même que la Révolution culturelle a constitué un revers très grave pour le Parti et réhabilitant de nombreuses victimes de cette période sombre de l’histoire. S’ensuit une décennie d’espoirs concernant une démocratisation de la Chine ou du moins une modernisation du pays qui donnerait plus de liberté à ses citoyens avec le programme «Réforme et ouverture» (改革开放), auquel le massacre de Tian’anmen du 4 juin 1989 met cependant un terme définitif, écrasant toute contestation et ne donnant pas suite aux propositions de réforme politique de certains membres réformateurs du Parti qui sont ensuite écartés, tels Zhao Ziyang et Hu Qili.
Autant d’éléments historiques sur lesquels les auteurs des textes sélectionnés reviennent, évoquant surtout les violences commises dans le cadre de la Révolution culturelle et du massacre de Tian’anmen et les désillusions qui ont suivi. Mais au-delà des traumatises subis par ceux qui ont vécu ces épisodes, leur réflexion porte davantage sur le silence imposé par le Parti concernant ces évènements historiques, un silence intériorisé par le peuple chinois, parfois par lâcheté, parfois par ignorance, souvent par peur ou incompréhension. Si quelques erreurs ont été dénoncées concernant la Révolution culturelle et des réhabilitations, effectuées, l’Etat-Parti se refuse à établir une mémoire collective et objective, dénuée d’intérêt politique, à propos du passé du PCC et censure tout individu qui tenterait d’évoquer une histoire différente du discours officiel. Un refus qui conduit ainsi à un vide, comme en témoignent les différents auteurs, un vide qui, sans être é...
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