Au 4 juin 2007, dix-huit ans après les événements de Tian’anmen, le sujet reste tabou, mais les événements sont bien présents dans l’esprit des dirigeants chinois. La préparation du 17e CC qui aura lieu en octobre 2007 s’accompagne d’articles et d’analyses dans la presse présentant Hu Jintao et Wen Jiabao comme les héritiers de la voie économique et politique de Deng Xiaoping. Voulant certes une rectification des effets néfastes de la croissance rapide, le tandem Hu-Wen se soucie aussi de la préservation du statu quo interne, en octroyant à Zeng Qinghong, associé à la « faction de Shanghai », un rôle essentiel dans la préparation du 17e congrès. Or, la disparition, le 2 juin, de Huang Ju, membre du bureau politique et autre allié de Jiang Zemin, pourrait donner à Hu Jintao la possibilité de nommer un fidèle aux plus hauts échelons du pouvoir politique.
Dans ce contexte, les changements de personnel effectués par Hu Jintao, aux Affaires étrangères, au ministère des Sciences et Technologies et au ministère des Ressources naturelles, six mois avant le congrès du Parti, date traditionnelle des changements de personnel, suscitent des interrogations. Mais les jeux de factions et d’idéologies n’empêchent pas la reconnaissance fréquemment exprimée du besoin d’unifier le pays autour d’une direction politique et d’une promesse de réformes.
À l’ordre du jour, la lutte contre la corruption et un pouvoir plus à l’écoute de la population, notamment en milieu rural. Cependant, les dirigeants semblent être difficilement à même de regagner le contrôle de la situation. Les manifestations se multiplient, soit à la suite d’une campagne de reconduction de la politique de l’enfant unique à Bobai, dans le Guangxi, ou avec une protestation contre la construction d’une usine chimique à Xiamen.
Sur le plan international, l’importance de la Chine se fait sentir, entraînant un nombre croissant de défis : si le mini-krach boursier récent a clairement placé la Chine au sein des flux financiers mondiaux et a fait preuve de l’influence croissante du pays, l’influence du géant chinois devient aussi l’objet de critiques internationales. Celles-ci visent aussi bien la position de Pékin dans le génocide au Soudan ou la contribution chinoise en termes d’émission de gaz à effets de serre. Prise en tenailles entre ses objectifs diplomatiques et ses objectifs économiques, la Chine se voit contrainte de faire des concessions, rhétoriques tout au moins, avec l’envoi de troupes au Soudan et l’annonce d’un « plan d’action » pour lutter contre le réchauffement climatique, en préparation du sommet du G-8. Cette responsabilisation croissante du géant chinois se manifeste dans son rôle dans les pourparlers à Six sur la Corée, mais l’image de puissance responsable et l’attitude à adopter face aux critiques internationales restent l’objet de débats internes.
Sommaire
– POLITIQUE INTERIEURE –
Commémorer Deng et critiquer la « gauche »
Les droits des paysans, la clé de voûte du développement des campagnes
La culture institutionnelle selon Wen Jiabao
Huang Ju à nouveau à la une
– ECONOMIE –
LL’emploi, priorité et défi de taille pour le gouvernement chinois
Le coefficient de Gini peut-il refléter les réalités chinoises ?
Qui a peur du grand krach boursier ?
– POLITIQUE EXTERIEURE –
Pourquoi les États-Unis ont-ils cédé sur le dossier nord-coréen ?
La Russie dans le miroir des Occidentaux
La voie de la puissance
– PRESSE TAIWANAISE –
Une politique active de « désinisation »
La guerre des princes reprend : le Kuomintang face au spectre de la division
Ont contribué à ce numéro: Michaïl Andrei, Valérie Demeure-Vallée, Mathieu Duchâtel, François Godement, Hubert Kilian, Michal Meidan, Thibaud Voïta