Responsive Menu
Add more content here...
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Author

Other analyses

CA 18 – Mars/Avr 2008

daniele-salutari-NAdinUQTy2c-unsplash

Le 14 mars, à la surprise apparente des services de sécurité chinois, qui ne réagirent qu’avec retard, une émeute éclatait à Lhassa. Les jours suivants, manifestations et désordres se propageaient à d’autres villes du Tibet, du Qinghai, du Gansu, et du nord-ouest du Sichuan. Les protestations symboliques de nombreux couvents de lamas, la révolte d’une partie de la population tibétaine, constituent la manifestation politique de plus grande ampleur dans cette région depuis les événements de 1959. Amplifié par la loupe des Jeux olympiques, magnifié par l’occasion fournie à tous les sympathisants du Tibet d’utiliser le parcours international de la flamme olympique, l’événement est aussi devenu un enjeu mondial de diplomatie publique pour la Chine. La rigidité de ses réactions publiques, la démonisation fréquente du dalaï-lama ont constitué un désastre pour la politique de communication chinoise, démentant l’image de « soft power » respectable que veut se donner la Chine. Concession symbolique de taille, mais contradiction évidente avec le discours officiellement tenu ces dernières semaines, une rencontre informelle avec l’entourage du dalaï-lama le 3 mai manifeste la prise de conscience du gouvernement chinois.

L’événement contraste avec l’évolution sur un autre front, celui de Taïwan. La victoire de Ma Ying-jeou lors de l’élection présidentielle du 22 mars était anticipée de longue date. L’atmosphère de détente a été ensuite orchestrée avec brio au forum de Bo’ao, avec une poignée de main symbolique entre Hu Jintao et le vice-président élu de Taïwan, première rencontre directe depuis 1949. Le soir même, la presse chinoise relayait les salutations transmises par Hu Jintao à Ma Ying-jeou, renforçant de manière inédite l’apparence d’intimité entre les autorités des deux rives. En juillet, des vols charters directs relieront les grandes villes chinoises à Taipei, Kaohsiung et Taichung. Le contraste est donc important entre Tibet et Taïwan, deux problèmes nationaux qui engagent la légitimité du régime chinois. La souplesse manifestée aujourd’hui à l’égard de Taïwan peut sembler aussi déroutante que la rigidité à l’égard du dalaïlama. Sans doute faut-il se souvenir que voilà seulement quelques semaines la Chine invectivait le prédécesseur de Ma Ying-jeou. La détente actuelle sur Taïwan est d’abord tactique.

La tempête médiatique autour du parcours international de la flamme olympique a eu une conséquence inattendue : masquer, aux yeux de l’opinion chinoise, la détérioration soudaine de l’image de la Chine dans les pays démocratiques. D’abord encouragée puis freinée, la vague antifrançaise, comme les manifestations patriotiques de Chinois à l’étranger, sert d’abord les intérêts du régime. Ce n’est pas la première ni même la plus importante des vagues nationalistes qui surgissent dans une opinion chinoise par ailleurs très contrôlée. China Analysis n’aborde pas les relations franco-chinoises, par ailleurs très bien couvertes par la presse française et internationale, dans ce numéro. Nous avons préféré, au-delà du discours officiel sur le Tibet, faire part d’une vision alternative de la question tibétaine ; car la publication par un grand hebdomadaire chinois d’une accusation à peine voilée contre la politique culturelle du parti au Tibet est surprenante. Article alibi, cent fois cité à l’étranger, ou signe d’un véritable débat ?

Conséquence de l’effervescence autour du Tibet, la session de l’Assemblée nationale populaire est passée inaperçue. D’importantes réformes y ont pourtant été adoptées. En retirant certaines compétences à la Commission nationale du développement et de la réforme, le gouvernement recherche une plus grande efficacité des politiques publiques. Sa quête d’un modèle de développement moins dévastateur pour l’environnement s’affirme, au moins dans les discours. Pourtant, la création d’un ministère de l’Environnement n’apporte en soi aucune garantie de succès.

 

Sommaire

– POLITIQUE INTERIEURE –

Le « miracle chinois » à l’épreuve du Tibet

De nouveaux ministères aux dépens de la NDRC ?

Les réformes de la NDRC, ou les mues de la planification centrale

Le consumérisme en question

« Libérer la pensée » dans la province du Guangdong ?

– ECONOMIE –

Recettes fiscales et qualité du service public

Le sauvetage des lacs, un défi pour le nouveau ministère de l’Environnement

L’invasion des immeubles « verts »

– AFFAIRES DIPLOMATIQUES & STRATEGIQUES –

L’ordre international peut-il reposer sur une domination conjointe sino-américaine ?

L’ONU de Ban Ki-moon, un tournant positif pour Pékin ?

Les droits de propriété intellectuelle et les intérêts chinois

Lee Myung-bak et les relations sino-coréennes

– TAIWAN –

Les raisons du succès de Ma Ying-jeou

La reprise du dialogue entre les deux rives : opportunité, risques, limites

– LA PRESSE DANS CE NUMERO –

Ont contribué à ce numéro : Valérie Demeure-Vallée, Mathieu Duchâtel, Hubert Kilian, Michal Meidan, Pierre Nordmann, Thibaud Voïta

asiacentre.eu