Le pouvoir absolu détruit la légalité, mais même un pouvoir plus limité la met parfois au défi. Ce numéro de China Analysis traite de l’opposition entre la loi d’une part et le Parti ou la loi coutumière d’autre part. Cette question ne se limite pas à la Chine continentale : un article de Tanguy Lepesant expose le débat intense à Taiwan sur la manoeuvre politique du président Ma Ying-jeou,
qui a usé (ou abusé) de ses pouvoirs pour mettre sous écoutes un rival clé, et le faire condamner pour corruption. Pendant ce temps, au Japon, le gouvernement Abe rencontre une forte opposition à sa nouvelle loi de protection des secrets nationaux, que beaucoup considèrent comme une atteinte aux libertés civiles. Et pire encore, dans le régime nord-coréen, en décembre 2013, le n°2 du pays, dont on pensait jusque là qu’il était la principale figure de pouvoir derrière Kim Jong-un, a été arrêté « à la Saddam Hussein » pendant une session filmée du Parti des Travailleurs au pouvoir, puis exécuté. Mais la Chine, et son principal leader Xi Jinping, sont uniques en ce qu’ils sont capables de développer un système légal dynamique, tout en gardant la capacité de recourir à des méthodes arbitraires quand cela leur semble nécessaire : les règles bornent l’autorité, mais le Parti enserre la loi. Xi peut être décrit comme se plaçant des deux côté de la barrière, comme le montrent la Résolution et les « 60 décisions » du récent IIIème Plénum du Parti. Xi est en faveur à la fois d’une suprématie absolue du Parti, et d’une attention accrue à la procédure, qu’elle soit administrative, règlementaire ou légale.
Sommaire
– DOSSIER: RÈGLES FORMELLES ET POUVOIR INFORMEL –
Xi Jinping, et les “princes” de tous bords
Offensive contre les constitutionnalistes chinois?
La police interne du parti: dans l’ombre du shanggui
Un abus de pouvoir présidentiel à Taiwan?
– REPÈRES –
La zone de libre-échange de Shanghai: un aiguillon pour toute la Chine
La Chine pourrait se joindre au TPP
Quel avenir pour le Made in China?
La réforme de la finance rurale
Appels pour une refonte des relations entre les différents échelons de gouvernement
– DÉCALAGE –
Discussion autour des instituts Confucius
Ont contribué à ce numéro: Jean-François Di Meglio, Jérôme Doyon, François Godement, Marc Julienne, Agatha Kratz, Tanguy Lepesant, Marie-Hélène Schwoob, Lin Sun, Abigaël Vasselier, Hugo Winckler, Chan Yang