Prudente et même modeste, telle est la Chine qui se dessine dans ce numéro de China Analysis consacré à l’Asie centrale. Les analystes chinois soulignent eux-mêmes les limites de l’influence de la RPC dans la région. Nous sommes d’abord surpris par les estimations très basses données du volume commercial bilatéral : 20 milliards de dollars en 2010 selon un des auteurs, contre près de 33 milliards d’après le FMI. Un véritable débat est aussi décelable sur l’approche à adopter à l’égard de l’Asie centrale. À une vision quasi-paranoïaque de la stratégie russe et surtout américaine dans la région – qui feraient tout leur possible pour nuire aux intérêts chinois – s’oppose une position pragmatique qui souligne les intérêts communs entre ces puissances et l’absence d’une stratégie américaine qui serait orientée dans son ensemble contre les avancées chinoises ou contre la stabilité du Xinjiang.
Les analystes chinois fustigent l’inconsistance des mécanismes de coopération régionaux. Ce serait un frein au développement des échanges avec la région, en particulier dans le domaine énergétique. Plus généralement, ils soulignent la difficulté à influencer des régimes dont la concentration des pouvoirs paraît excessive, même du point de vue chinois. C’est dans le domaine sécuritaire que ce besoin de coopération se fait le plus ressentir et où les propositions sont les plus audacieuses. En particulier après la crise kirghize de 2010, qui a mis à jour l’incapacité de réaction de l’Organisation de coopération de Shanghai et de la Chine.
Sommaire
– DOSSIER: LA CHINE ET L’ASIE CENTRALE –
Renforcer l’OCS pour profiter de la compétition entre puissances en Asie Centrale
Les relations énergétiques entre la Chine et l’Asie centrale
Pétrole contre investissements: pas de coopération au-delà de l’énergétique?
L’instabilité politique du Kirghizistan inquiète la Chine
– REPÈRES –
L’endettement des collectivités locales chinoises: les prémices d’une crise?
La Chine au secours de l’Europe: “générosité bienveillante” ou “machiavélisme financier”
Dette, corruption, insécurité… L’impossible réforme du ministère des Chemins de fer?
L’Etat chinois forme ses cadres symboles d’ouverture
Ma Ying-jeou et l’économie: un bilan contesté
– DÉCALAGE –
Politique étrangère: revenir à la modestie