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KA6 – Mai 2015 – La défense nationale sud-coréenne

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Mai 1945 n’évoque pas les mêmes souvenirs en Europe qu’en Corée où la guerre du Pacifique s’est achevée trois mois plus tard sur la division de la péninsule, une guerre fratricide, un armistice et plusieurs décennies de « paix armée » qui ont fait de la défense une priorité de part et d’autre de la DMZ. Les deux Corées consacrent à leur défense près de 43 milliards de dollars par an – presqu’autant que l’Inde, vingt fois plus peuplée – une ponction considérable sur le peu de richesses produites par le Nord et moindre pour le Sud où elle s’est allégée de 4,5 points de PIB à la fin des années 1980, à 2,8 points de PIB aujourd’hui, soit légèrement plus que la moyenne asiatique. Au-delà, la défense influence les orientations diplomatiques et les arbitrages économiques. Ainsi, engagée au début des années 1960, la stratégie de promotion des exportations était un élément de la politique de défense car elle ramenait les devises nécessaires aux importations de matériel militaire. Dix ans plus tard, la priorité à l’industrie lourde visant à fabriquer des produits à plus forte valeur ajoutée, était une pièce maîtresse de la stratégie de défense avec la construction de la zone de Changwon où se sont implantées les premières industries d’armement.

Défense, économie et diplomatie faisaient alors bon ménage. Les États-Unis étaient à la fois le principal allié et débouché des exportations, un alignement facilité par les Américains qui considéraient avec begnin neglect le protectionnisme de leur allié et le déficit de leur commerce bilatéral. Leur attitude a évolué dans les années 1980 sans que cela ne pose trop de problème à la Corée du Sud. En effet, en délocalisant en Chine et en l’utilisant comme tremplin pour ses exportations, elle a substitué son excédent sur les États-Unis par un excédent sur la Chine ; transférant ainsi le mistigri, elle a évité les foudres de Washington. Mais au fil des ans, le marché chinois s’élargissant, il est plus délicat de concilier économie, diplomatie et défense.

La Corée se livre donc à un difficile jeu d’équilibriste. Seul pays à avoir ratifié des accords de libre-échange avec les États-Unis, l’Union Européenne et la Chine, elle n’aurait pas de difficultés à adhérer au Transpacific Partnership. Elle s’y refuse cependant de peur d’irriter la Chine, elle n’a pas suivi les recommandations américaines et elle a adhéré à la banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (ABII), un ambitieux projet lancé par la Chine. La Corée du Sud fait face au même dilemme avec son système de défense anti-missile. Alors qu’elle développe un système national (KAMD), les États-Unis souhaiteraient installer leur système THAAD (Terminal High-Altitude Area Defense) dans la péninsule. Cependant, face à l’hostilité de la Chine qui y voit un renforcement de l’encerclement américain dans sa périphérie, la Corée du Sud laisse planer le doute.

 

Sommaire

– Avant-propos –

Dossier: LA DÉFENSE NATIONALE SUD-CORÉENE

La politique de défense militaire de la Corée du Sud (Lee Seungkeun)
L’évolution de l’alliance américano-sud-coréenne et ses conséquences pour la politique de défense de la Corée du Sud (Kim Changsu)
Stratégie et capacités de l’armée de l’air sud-coréenne (Hong Sungpyo)
Quelle defense anti missiles pour la Corée du Sud ? (Jee David Eunpyoung et Ryu Leo Hyungwoo)
La cyber sécurité en Corée du Sud et la coopération en Asie du Nord-est (Kim Geunhye et Lim Jongin)
La multiplication des violences appelle à une réforme en profondeur de l’armée (Juliette Schwak)

– Décalage –

La Corée du Sud face à la menace de l’État Islamique (Antoine Bondaz et Lee Younghyun)
Les transfuges nord-coréens en Corée du Sud : une difficile intégration (Léonie Allard)
L’impact du quota de diffusion sur l’industrie cinématographique coréenne (Jimmyn Parc)
Le retour à la terre et à l’agriculture (Li Hong)

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