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Yidai yilu : le corridor (terrestre) et la route (maritime) de la soie de Xi Jinping

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Note n°3 de l’Observatoire de la Chine, par Antoine Bondaz

Le 28 mars 2015, la Commission chinoise pour le développement national et la réforme, et les ministères des Affaires étrangères et du Commerce présentaient le plan d’action national pour promouvoir l’initiative « Un corridor (littéralement ceinture), une route » (一带一路 – 1C1R). Cette initiative est devenue une des priorités économique et diplomatique du Président chinois Xi Jinping depuis la présentation de deux projets complémentaires fin 2013 : un « Corridor économique de la Route de la Soie », traversant le continent eurasiatique, et une « Route de la Soie maritime du XXIème siècle », reliant la mer de Chine méridionale à l’Europe.

Cette initiative vise officiellement à une intégration économique du continent eurasiatique, voire même de l’Afrique, et de ses mers périphériques à travers la construction notamment d’un réseau d’infrastructures. La création par la Chine de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures, que la majorité Etats européens dont la France et l’Allemagne ont rejointe en mars, est un des outils au service de cet objectif. Ces nouvelles Routes de la Soie constituent un défi direct à l’influence économique des Etats-Unis sur le continent eurasiatique, et pourrait à terme se transformer en un vecteur de l’influence politique croissante de la Chine.

Tout en évitant une confrontation militaire et politique directe dont elle serait la première victime, la Chine est en compétition avec les Etats-Unis dans le seul domaine où leur puissance respective s’approche de la parité : l’économie. Cette initiative répond à la double priorité du gouvernement : assurer la poursuite de son développement économique, fondement de la légitimité du Parti communiste, tout en réduisant l’influence des Etats-Unis dans la région, d’abord sur le plan économique puis à long terme sur le plan politique. En accroissant son interdépendance et en multipliant les intérêts communs avec ses voisins, la Chine entend se placer en partenaire incontournable de leur développement économique et réduire d’autant les leviers économiques et politique des Etats-Unis sur ces pays. La Chine est également prête à partager les bénéfices de son développement, les surplus de son commerce extérieur et ses capacités d’investissements extérieurs (fin août 2015, ses réserves de change dépassaient encore les 3 500 milliards de dollars). Le but du gouvernement chinois est d’être considéré par ses voisins et partenaires eurasiatiques (et d’ailleurs) comme un moteur de croissance indispensable, et non comme un prédateur économique ou une menace militaire.

Malgré son opacité et l’impression qu’il s’agit davantage d’un concept que d’une réelle stratégie, cette initiative est devenue le principal objet de recherches des universitaires chinois. Le nombre d’articles écrit à son sujet a littéralement explosé, passant de 1 en 2013, à 708 en 2014, et 6 593 en 2015 (au 1er octobre) selon la base de données universitaire chinoise CNKI. Cependant, les débats semblent fortement encadrés. Sur ces articles, seulement 511 se rattachent à la discipline des domaines des sciences politiques et des relations internationales, et le ton de ces dernier apparait comme clairement modéré par des injonctions gouvernementales. Nous analyserons tout d’abord la façon dont l’impact géopolitique de cette initiative est volontairement écarté du discours officiel. Ensuite, nous chercherons, par l’étude d’articles publiés par des universitaires chinois de premier plan, à mieux comprendre quel pourrait être l’objectif politique à long terme de cette initiative, à savoir garantir la poursuite de l’ascension chinoise.

  • Les implications géopolitiques de 1C1R, un nouveau tabou chinois
  • Une initiative visant à garantir la poursuite de l’ascension chinoise
  • Obstacles et limites
asiacentre.eu