Note n°8 de l’Observatoire de la Chine, par Camille Liffran
L’année 2016 apparaît comme un moment charnière de la présidence de Xi Jinping. La perspective du XIXème Congrès du Parti communiste chinois (PCC) prévu à l’automne 2017 se rapproche et promet un important renouvellement des membres du Bureau politique. L’heure est également au bilan des réformes annoncées à l’issue du XVIIIème Congrès de novembre 2012 et au cours des plénums du Comité central tenus les années suivantes. Dès son arrivée au pouvoir, Xi Jinping avait fixé des objectifs ambitieux : lutte contre la corruption, modernisation de l’État et autonomie accrue de la sphère judiciaire, adoption d’un nouveau modèle économique tourné vers les services, la consommation intérieure et l’innovation technologique, accroissement du rôle du marché dans l’économie et lutte contre l’influence des groupes d’intérêts liés aux grandes entreprises publiques. Le président chinois a également été particulièrement soucieux de consolider son pouvoir durant ces trois dernières années, notamment à travers l’élargissement de ses prérogatives et la création de « groupes dirigeants » et de commissions sous sa férule (sécurité maritime, Internet et cybersécurité, approfondissement des réformes, sécurité nationale, finances et économie…). Le processus de centralisation et de personnification du pouvoir de Xi semble atteindre son paroxysme au début de l’année 2016, au moment même où les autorités éprouvent des difficultés grandissantes à mettre en place les réformes approuvées. La session parlementaire de mars 2016 est marquée par de nombreuses incertitudes nourries par le ralentissement de la croissance économique chinoise et la multiplication des signes d’instabilité sociale. Face à l’accumulation des difficultés, Xi Jinping cherche à assurer une mainmise totale sur le Parti et la société chinoise, entraînant le régime vers un durcissement sans précédent depuis la fin des années 1980. Ce durcissement trahit en même temps une certaine inquiétude, voire un climat de paranoïa au sommet du pouvoir chinois, d’autant que les lignes de fractures au sein de l’élite dirigeante semblent apparaître plus clairement. Cette forme de fuite en avant pourrait-elle se retourner contre Xi Jinping à l’approche du XIXème Congrès de 2017, voire même menacer la stabilité du régime chinois ?
- L’impasse des réformes
- Une nouvelle étape du tournant autoritaire de Xi Jinping
- Poursuite de la campagne de purge et reprise en main idéologique du Parti
- La mainmise prudente de Xi sur l’Armée populaire de libération
- Le durcissement de la répression et de la censure
- La multiplication des signes de tiraillements : vers une crise de légitimité du pouvoir ?
- La montée des mécontentements parmi l’élite intellectuelle libérale
- Les indices d’une érosion du pouvoir de Xi au sein du Parti