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Nouvel essai d’une arme tactique guidée de la Corée du Nord : une péripétie

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La Corée du Nord a annoncé l’essai d’une arme tactique guidée sans davantage en préciser la nature mais en indiquant que cet essai a été supervisé par son dirigeant Kim Jong-un et qu’il revêt « une très forte signification ». Il est clair qu’il s’agit d’un signal adressé à Washington et à Donald Trump en particulier en vue de réouvrir des négociations entre les deux dirigeants et d’obtenir une levée significative, du point de vue de Pyongyang, des sanctions internationalement imposées.
S’agissant d’une arme dite tactique, a priori de courte portée, cet essai ne peut qu’embarrasser le Président sud-coréen désireux d’aboutir à des relations normales avec son voisin du nord, conforter ses opposants conservateurs dans leur hostilité vis-à-vis de Kim Jong-un comme les dirigeants japonais constants dans leur méfiance à son égard.

En fait cet essai présente deux caractéristiques principales :

• après l’échec du rendez-vous de Hanoi de fin février dont il est difficile d’imputer la responsabilité seulement à Donald Trump ou à Kim Jong-un il n’est guère surprenant que ce dernier cherche à « relancer », à sa manière, le dialogue américano-nord coréen. C’est une péripétie de plus dans un dialogue qui ne pouvait pas être sans détour. Kim a reçu une forme de reconnaissance diplomatique des Etats-Unis à travers les rencontres de Singapour et Hanoi mais la levée des sanctions reste pour lui un objectif essentiel. Preuve s’il en est que ces sanctions ne sont pas sans effet sur l’économie nordcoréenne. Pour Donald Trump il ne s’agit pas en revanche d’une affaire prioritaire au regard d’autres (relations avec la Chine, immigration, ingérences russes…) ; il peut se permettre de pratiquer le « wait and see » pendant un certain temps conformément à ses habitudes d’homme d’affaires-négociateur (« the art of the deal »).

• Kim Jong-un a engagé une grande partie de sa crédibilité personnelle dans le dégel des relations avec les Etats-Unis en vue d’accentuer le développement économique de son pays, desserrer l’étreinte chinoise et diversifier ses partenaires économiques et politiques. La rencontre a nécessité de longs voyages en train (65h entre Pyongyang et Hanoi) qui certes rappellent ceux de son père et plus encore de son grand-père mais il en est rentré bredouille. Il est probable que cet état de fait a été observé à Pyongyang voire commenté, peut-être poliment critiqué. Il avait donc besoin de montrer son autorité et réagir en « menaçant » mais de façon graduée…et de désigner un responsable, en l’occurrence Mike Pompeo, le Secrétaire d’Etat américain, jugé désormais indésirable dans le dialogue avec Washington.

Un statu-quo empreint de froides relations est évidemment possible entre les deux pays. Il n’est pas le plus probable car aucun des deux leaders ne le souhaite. Pour autant il faut rétablir une confiance directement ou indirectement pour sortir de l’impasse dénucléarisation complète contre levée totale des sanctions. C’est sans doute là que les sudcoréens ont une carte à jouer et Pékin peut-être si la Chine y voit son intérêt.

par Jean-Yves Colin (Asia Centre)

asiacentre.eu