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Visite de Xi Jinping en Grèce : Athènes pivot de l’influence chinoise au sein de l’UE

Xi image pour article AsiaCentre

Ce mardi s’est conclue la première visite du Président chinois en Grèce depuis son accession au pouvoir. 16 accords ont été signés entre les deux parties, parmi lesquels un nouvel investissement de 612 millions d’euros dans le port du Pirée. Cette visite est une aubaine pour le Premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis, qui souhaite faire de l’attractivité des investissements étrangers un élément majeur de sa politique économique.

Cette visite au sommet permet à Pékin de se présenter aux yeux des Européens comme un partenaire fiable et montrer les bénéfices d’une coopération renforcée avec la Chine. Le port du Pirée, dont l’entreprise d’État chinoise Cosco possède une part majoritaire depuis 2016, devrait devenir le plus grand terminal portuaire de containers en Méditerranée cette année, gérant notamment 10% de la totalité des biens chinois exportés vers l’Europe. Le gouvernement chinois cherche particulièrement à redorer une image quelque peu ternie auprès des membres de son initiative 17 + 1. Celle-ci, lancée en 2012 et rejointe par la Grèce en avril dernier, doit permettre de promouvoir la connectivité entre la Chine et les pays d’Europe centrale et orientale. L’initiative est cependant critiquée par plusieurs pays membres, en premier lieu la Pologne qui dénonce un déficit commercial croissant avec la Chine ainsi qu’un manque d’engagement des parties chinoises sur leurs promesses d’investissement. La Pologne est également poussée par les États-Unis à choisir son camp dans le conflit qui l’oppose à Pékin. Dernier exemple en date, Varsovie a signé le 2 septembre dernier un accord avec Washington afin de protéger la future mise en place de son réseau 5G et pouvant conduire à exclure l’entreprise de télécommunication chinoise Huawei de celui-ci.

Le renforcement des liens entre Pékin et Athènes permet au gouvernement chinois de consolider ses leviers d’influence politique au sein de l’Union européenne, alors que le nouveau gouvernement italien s’annonce nettement plus prudent dans ses relations avec la Chine que le précédent. Sous l’alliance « Salvini », le pays avait notamment décidé de rejoindre l’Initiative des nouvelles routes de la Soie en mars dernier. La Grèce est un allié de poids pour les autorités chinoises dans leur volonté de contrer toutes initiatives communautaires allant à l’encontre de ses intérêts stratégiques. Les autorités grecques se sont notamment opposées en juin 2017 à une résolution commune de l’Union européenne à l’ONU critiquant les atteintes aux droits de l’homme en Chine. Elle compte également parmi les plus fervents opposants à un mécanisme européen d’examen des investissements chinois au sein de l’Union. Cette initiative aurait permis de façon systématisée de limiter au niveau « bruxellois » l’acquisition de technologies stratégiques par les entreprises étrangères (lire : « chinoises »).

Dans le conflit commercial et stratégique qui l’oppose à Washington, et alors que la croissance chinoise a atteint au dernier trimestre un record historiquement bas de 6%, Pékin veille toutefois à soigner ses relations avec Bruxelles et les capitales d’Europe occidentale. Ces dernières, qui voient d’un très mauvais œil la stratégie chinoise de division au sein de l’Union européenne que représente l’initiative 17+1, sont de plus en plus enclines à adopter une position ferme face aux ambitions de Pékin. En signe de bonne volonté, le gouvernement chinois a nommé le 1er novembre dernier pour la première fois un représentant spécial pour les affaires européennes chargé de promouvoir « le développement bon et durable du partenariat stratégique UE-Chine ». Lors de la visite d’Emmanuel Macron à Shanghai la semaine dernière, Xi Jinping a également accédé à une revendication majeure du président français en signant le premier accord commercial entre l’Union européenne et la Chine sur les appellations géographiques.

En eaux plus agitées que jamais, le gouvernement chinois cherche à consolider son influence au sein de l’Union européenne, sans toutefois s’aliéner celle-ci. En renforçant sa présence en Grèce, il peut compter sur un partenariat durable avec un membre de la zone euro, ce qui est un élément à prendre en compte si le pays devait devenir un créditeur important de la Chine.

par Aymeric Mariette (Asia Centre)

asiacentre.eu