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David Baverez : « Nouvel an chinois, nouveau tigre dans le moteur? »

aurelie-bouguen-EagTSSQ_PIQ-unsplash

Dans sa dernière chronique “Lettre d’Asie”, David Baverez, membre du Conseil d’Orientation d’Asia Centre, se penche sur la question du ralentissement de la croissance économique chinoise.

Cette chronique est à retrouver sur le site du journal L’Opinion et dans le texte qui suit: https://www.lopinion.fr/international/nouvel-an-chinois-nouveau-tigre-dans-le-moteur-la-chronique-de-david-baverez


«Nouvel an chinois, nouveau tigre dans le moteur?» La chronique de David Baverez
Par David Baverez, le 16 février 2022 à 17h45
Pour lutter contre le danger d’un trop fort ralentissement économique, Pékin doit apprendre à manier plus rigoureusement qu’avant les outils à sa disposition
David Baverez, Bruno Klein
La nouvelle année chinoise débutant sous le signe du tigre, l’empire du Milieu va-t-il réussir à relancer sa croissance après le fort ralentissement de la fin 2021? A voir les premières statistiques, rien ne paraît moins sûr, puisque Bloomberg indique une baisse de 40% des nouvelles ventes des principaux promoteurs immobiliers privés.
La «prospérité commune» promise par le gouvernement devra recourir à d’autres ressorts : l’effet richesse, lié à la surévaluation immobilière, appartient désormais au passé. La consommation intérieure devrait, elle, continuer de décevoir, même si un rebond est attendu à partir du deuxième trimestre, alimenté par l’espoir d’un allègement relatif des contraintes sanitaires. C’est donc plus de la poursuite de l’effort d’investissements publics dans les infrastructures que viendra le salut à court terme. Les routes et trains des années 2010 devraient laisser place au digital et à l’environnement.
A cela devrait s’ajouter l’investissement des entreprises, avec la reprise des crédits, fortement pénalisés l’an dernier par le deleveraging inédit du pays, de près de dix points de PNB. La banque centrale (PBOC) devrait en effet continuer de relâcher le ratio de réserves du système bancaire, de manière à faciliter la reprise du capex des entreprises.
Enfin, les exportations, principal moteur de la croissance de 2021, devraient continuer à surperformer le reste de l’économie, alors qu’elles sont moins tirées cette année par le soutien des gouvernements occidentaux à la consommation que par le rattrapage des investissements industriels en Occident, après deux ans de sous-investissements. Ce qui ne manquera pas de bénéficier à la Chine, dont les exportations se composent plus de biens intermédiaires que de consommation.
Contagion. On voit donc s’affirmer un découplage certain entre économies américaine et chinoise. D’un côté, aux Etats-Unis, croit un risque inflationniste, dû à la surchauffe de la demande entretenue par un plan stimulus a posteriori largement excessif. Celui-ci laisse la FED dans un cul-de-sac entre impossibilité de remonter les taux sans provoquer un krach boursier, et obligation de les relever pour éviter une perte de pouvoir d’achat des ménages et une crise sociale. A l’inverse, la Chine lutte contre le danger d’un trop fort ralentissement lié à la crise immobilière, dont même une économie fortement dirigée découvre les risques de contagion à l’ensemble du pays.
La nouveauté tient à la frugalité du soutien à l’économie. Plutôt qu’une forte croissance, le gouvernement chinois privilégie une nouvelle rigueur financière, ayant stabilisé l’endettement global depuis 2017 aux alentours de 270 % de PNB, tandis que les Etats-Unis et l’Europe du Sud rajoutaient lors des deux dernières années 25 points de leverage.
Ainsi, le tigre de 2022 pourrait bien annoncer une nouvelle donne à prendre en compte par l’Europe : une croissance au ralenti – aujourd’hui à seulement 5% – et appelée à se normaliser par rapport au reste du monde dès la fin de la décennie, mais aussi une plus grande rigueur financière. Une politique budgétaire destinée à renforcer la crédibilité de la devise chinoise, le RMB, dont bien peu de décideurs européens semblent avoir réalisé qu’il s’est apprécié de 30 % par rapport à l’euro au cours des dix dernières années.
David Baverez est investisseur, installé à Hong Kong depuis 2011. Il est l’auteur de « Chine-Europe : le grand tournant » (Le Passeur Éditeur, 2021).

 


 

 

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